Un rayonnement et une attractivité nouvelle
“Qu’est-ce que ça rapporte ?” entend-on souvent chez les habitants d’un site inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Excepté pour les biens menacés de disparition – ce qui n’est heureusement pas le cas du Bassin minier – la décision du Comité du patrimoine mondial n’est suivie d’aucune “récompense” financière. En revanche, l’obtention de cette inscription peut être un précieux levier touristique, promotionnel et économique.
Si ce n’était pas son objectif premier, l’inscription de 2012 peut contribuer à faire du Bassin minier, situé à mi-chemin entre Bruxelles, Paris et Londres, une véritable destination touristique. D’autant qu’elle est intervenue au même moment que l’ouverture du Louvre-Lens. Le prestigieux musée et son demi-million de visiteurs annuels est venu rejoindre d’autres points d’intérêts touristiques du Bassin minier comme le Centre historique minier de Lewarde (150 000 visiteurs/an) ou les lieux rendant hommage aux soldats des deux conflits mondiaux (500 000 visiteurs/an).
A l’heure où apparaissent des touristes d’un nouveau genre, en quête de courts séjours originaux, culturels ou sportifs, l’intérêt porté au patrimoine industriel du Bassin minier intervient à pic pour en faire une destination séduisante. Au-delà des retombées touristiques, la reconnaissance internationale fournie par l’estampille “Patrimoine mondial” a un autre effet, immédiat celui-là : le Bassin minier est devenu un point sur la carte ! Territoire autrefois inconnu en dehors de l’Hexagone, le voilà qui émerge sur la scène mondiale. Qui plus est, de façon positive : en offrant l’image d’une terre dotée d’un riche patrimoine, peuplé d’acteurs capables de se mettre en branle pour le faire vivre. De quoi nourrir son attractivité auprès des investisseurs, des cadres et des étudiants venus d’ailleurs.
Une nouvelle fierté
Mais l’inscription au Patrimoine mondial ne change pas uniquement le regard extérieur porté sur le Bassin minier. Elle agit aussi à l’intérieur du territoire. Longtemps, les bâtiments et les paysages issus de la mine ont suscité indifférence, incompréhension, voire mépris. En étant reconnu comme un patrimoine digne de valeur, cet héritage industriel parfois lourd à porter s’est transformé en motif de fierté pour les habitants du Bassin minier. Vivre dans un territoire « Patrimoine mondial » contribue à décomplexer et à rehausser l’estime de soi d’une population traditionnellement “taiseuse”, volontiers encline à l’auto-critique. Sur une terre ayant parfois souffert des querelles de clocher, l’aventure “Patrimoine mondial” apporte en outre la preuve qu’une mobilisation collective peut porter ses fruits. Que seule la coopération permet de peser dans la compétition nationale et internationale que se livrent les territoires. L’inscription de 2012 atteste enfin que le Bassin minier peut se confronter à l’exigence et revendiquer une meilleure qualité architecturale et environnementale pour bâtir des projets d’avenir. Autant de facteurs contribuant à davantage d’ambition et à une prise de confiance extrêmement porteuse d’un point de vue économique. Notamment chez les jeunes générations poussées à continuer leurs études ou à monter leur entreprise. Illustration concrète de ce processus, les cinq grands sites, lieux-phares du patrimoine minier, se destinent à devenir des pôles à la fois économiques et culturels, véritables traits d’union entre l’industrie d’hier et l’économie de la connaissance de demain. Les sites du 11/19 à Loos-en-Gohelle (éco-industrie), du 9-9bis à Oignies (logistique) et de la fosse de Wallers-Arenberg (création visuelle) accueillent des centres de formation, d’innovation et de recherche qui doivent permettre au Bassin minier de sortir de l’économie primaire (extraction du charbon, assemblage automobile) dans laquelle il a trop longtemps été relégué. Pour devenir enfin maître d’un développement… “durable” dans tous les sens du terme.
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