Fosses d’extraction
Il reste très peu de traces des premiers temps de l’exploitation, au 18e siècle. Construits en bois et en torchis, les bâtiments surplombant les puits d’extraction n’ont pas résisté à l’épreuve du temps. Il faut cependant retenir de cette période que c’est à Fresnes-sur-Escaut que fut introduite en 1732, pour la première fois en France, une machine à vapeur, dite machine à feu ou pompe à feu, pour le pompage des eaux souterraines. Au début du 19e siècle, la Compagnie des Mines d’Anzin introduit des machines à vapeur pour l’extraction qui remplacent les anciens manèges à chevaux. De cette première moitié du 19ème siècle subsistent aujourd’hui trois bâtiments exceptionnels : la fosse de la Sentinelle (1824) à La Sentinelle près de Valenciennes, la fosse Mathilde (1831) à Denain et la pompe à feu de la Fosse du Sarteau (1826) à Fresnes-sur-Escaut.
Dans les années 1850-1860, les carreaux de fosses, en briques maçonnées avec des chevalements en bois, changent d’échelle, afin d’adopter de nouvelles techniques d’extraction permettant de descendre encore plus profond. L’utilisation de machines à vapeur très puissantes, l’adoption de la cage d’extraction (ascenseurs) et l’installation de rail dans les galeries souterraines modifient considérablement les modes d’exploitation. Il ne reste aujourd’hui aucun vestige de cette période, car l’évolution des techniques continue. A partir de 1880, l’acier fait irruption dans les modes constructifs des fosses, notamment pour les charpentes et les chevalements. Les bâtiments prennent encore davantage d’ampleur et de volume. De styles architecturaux différents, la fosse n°1 bis (1886) à Noeux-les-Mines ou encore la fosse d’Arenberg, partie ancienne, (1902) à Wallers offrent des exemples remarquables de cette évolution. Les décennies suivantes sont marquées par l’arrivée de l’air comprimé pour les travaux en sous-sol et l’utilisation de l’électricité comme force motrice.
Les destructions de la Première Guerre mondiale seront un facteur déterminant pour l’évolution de l’architecture industrielle dans le Bassin. Si la configuration des fosses reconstruites ne change pas beaucoup, la reconstruction introduit l’emploi d’un nouveau matériau : le béton armé. De l’entre-deux-guerres, nous sont parvenues de manière quasi complète les fosses n°11, partie ancienne, (1924) à Loos-en-Gohelle, Delloye (1931) à Lewarde et n°9-9bis (1934) à Oignies. Appartenant à des Compagnies différentes, chacune de ces fosses possède une identité architecturale bien distincte.
La Nationalisation des charbonnages en 1946 est à l’origine de nouvelles options industrielles. Outre la mécanisation du fonds, le processus de concentration (plusieurs fosses concentrées sur un seul siège) donne naissance à de gigantesques complexes. Le bâtiment et la machine d’extraction de la fosse n°2 (1950) à Oignies, le puits n°3 avec ses machines et ses bâtiments de la fosse d’Arenberg (1961) à Wallers et la tour de concentration du puits n°19 (1960) à Loos-en-Gohelle constituent des témoignages spectaculaires du changement de statut de l’exploitation mais aussi des dernières des techniques minières appliquées dans le Bassin.