Valeurs et critères d’inscription
“Le Bassin minier du Nord-Pas de Calais correspond à la partie française du filon charbonnier du Nord-Ouest européen. Au sein d’une plaine largement ouverte, il s’étend sur environ 120 km, traversant les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais. Il présente un paysage culturel évolutif vivant exceptionnel par sa continuité et son homogénéité. Il donne un exemple important et bien conservé des charbonnages et de l’urbanisme qui lui est associé, au cours de deux siècles d’exploitation intensive de la houille, de la fin du XVIIIe siècle au dernier tiers du XXe siècle, par des méthodes industrielles réunissant un grand nombre d’ouvriers. Cette succession de paysages résultant d’une quasi mono-industrie extractive comprend : des éléments physiques et géographiques (terrils, terres agricoles, étangs d’affaissement minier, bois), un patrimoine industriel minier (carreaux de fosses, bâtiments industriels résiduels, chevalements), des vestiges des équipements de transports dit cavaliers (canaux, chemin de fer, convoyeurs), un habitat ouvrier et un urbanisme caractéristique (corons, cités-jardins, habitat pavillonnaire, immeubles locatifs), des éléments monumentaux et architecturaux témoins de la vie sociale (églises, écoles, châteaux des dirigeants, sièges sociaux des compagnies, locaux du syndicalisme ouvrier, gares, hôtels de ville, hôpitaux et centres de soins, salles des fêtes, équipements sportifs), enfin des lieux de mémoire et de célébration de l’histoire du Bassin et de ses mineurs. ” Rapport ICOMOS mai 2012.
Chaque inscription sur la Liste du patrimoine mondial est demandée selon un ou plusieurs critères définis par la Convention du patrimoine mondial. C’est à l’aune de ces critères que la Valeur Universelle et Exceptionnelle d’une candidature est évaluée par plusieurs experts mondiaux du patrimoine rassemblés au sein de l’ICOMOS (International Council on Monuments and Sites), une organisation non-gouvernementale internationale spécialisée dans la conservation des monuments et des sites historiques.
Les trois critères demandés (et tous obtenus!) pour le Bassin minier tels que justifiés dans le rapport de l’ICOMOS en 2012 sont les suivants :
- (ii) « témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages. »
Le Bassin minier du Nord-Pas de Calais témoigne de manière exceptionnelle des échanges d’idées et d’influences à propos des méthodes d’exploitation des filons charbonniers souterrains, de la conception de l’habitat ouvrier et de l’urbanisme, ainsi que des migrations humaines internationales qui ont accompagné l’industrialisation de l’Europe.
- (iv) : « offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une période ou des périodes significatives de l’histoire humaine. »
Les paysages miniers évolutifs et vivants du Bassin du Nord-Pas de Calais offrent un exemple éminent du développement à grande échelle de la mine de houille, aux XIXe et XXe siècles, par les grandes compagnies industrielles et leurs masses ouvrières. Il s’agit d’un espace structuré par un urbanisme, des constructions industrielles spécifiques et les reliquats physiques de cette exploitation (terrils, affaissements).
- (vi) : « être directement ou matériellement associé à des évènements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques ou littéraires ayant une signification universelle et exceptionnelle. »
Les événements sociaux, techniques et culturels associés à l’histoire du Bassin minier eurent une portée internationale. Ils illustrent de manière unique et exceptionnelle la dangerosité du travail de la mine et l’histoire de ses grandes catastrophes (Courrières). Ils témoignent de l’évolution des conditions sociales et techniques de l’exploitation des houillères. Ils représentent un lieu symbolique majeur de la condition ouvrière et de ses solidarités, des années 1850 à 1990. Ils témoignent de la diffusion des idéaux du syndicalisme ouvrier et du socialisme.