Une aubaine pour vivre mieux
L’inscription au Patrimoine mondial permet une modernisation ambitieuse de l’habitat minier et de son environnement.
Des maisons plus confortables, plus lumineuses, mieux isolées, aux façades ravalées, mieux adaptées aux modes de vie actuels et futurs… le tout dans un environnement faisant la part belle aux espaces verts et aux lieux de rencontre. D’ici 2017, les premiers quartiers nés du projet « Patrimoine mondial » verront le jour. Surprise, ces cinq « cités-pilotes », ne sont pas érigées ex-nihilo sur des espaces vides. Il s’agit en réalité de cités minières… construites il y a plus d’un siècle, aujourd’hui réhabilitées de manière exemplaire. Une modernisation ambitieuse dans laquelle 33 millions d’euros ont déjà été engagés et qui n’aurait pas été possible sans l’aventure de l’inscription au Patrimoine mondial. En effet, l’énorme travail d’inventaire et d’analyse débuté en 2002 afin d’élaborer le dossier de candidature a marqué le début d’un changement de regard sur les quartiers nés de la mine. Il a non seulement démontré que les 563 cités minières, dont 124 ont été finalement retenues dans le périmètre du Bien inscrit au Patrimoine mondial, offraient une architecture beaucoup plus variée et diverse qu’on ne l’imaginait, mais aussi que leur agencement en maisons individuelles autour d’équipements collectifs répondait à un besoin de « vivre-ensemble », non assouvi par les cités-dortoirs modernes, uniformes et anonymes. On l’avait oublié… mais cet habitat ancien se révélait d’avant-garde.
La cité inscrite de Pecquencourt avait pu se glisser dans le programme de renouvellement urbain Anru 1 (2004-2014). Dans l’Anru 2 annoncé fin 2014, la cité du 12/14 à Lens fait désormais partie des 25 quartiers prioritaires à l’échelle nationale. Cette opération d’envergure va permettre la rénovation et la préservation de cet ensemble de 4 000 habitants et pourrait en annoncer d’autres parmi les 124 cités minières inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Chez les habitants des cités, chez leurs propriétaires (les deux bailleurs sociaux « Maisons et Cités » et « SIA »), comme chez les élus communaux, l’inscription au Patrimoine mondial en 2012 est venue accélérer la prise de conscience qu’ils disposaient d’un héritage exceptionnel à valoriser. Que les cités minières pouvaient se transformer en quartiers attractifs. Que les espaces dégagés par les friches permettaient de densifier l’habitat sans s’étendre sur les terres agricoles. Que les linéaires de cavaliers offraient des voies pour les transports doux (vélos, marche à pied). Que les terrils pouvaient devenir des espaces naturels et de loisirs. Que tout ce qui était perçu comme les séquelles d’une exploitation intensive et non-durable pouvait se métamorphoser en atouts pour vivre mieux. Et que l’on pouvait ainsi tourner la page de l’exploitation minière sans l’arracher.
Exemplaires dans leur aménagement futur, les cinq cités choisies en 2008 le sont aussi dans la manière dont leur rénovation a été dirigée. En réunissant les bailleurs, les communes, les intercommunalités, mais aussi les Conseils généraux, le Conseil régional et l’Etat, leur conception ont intégré dès le départ tous les enjeux nécessaires au bon déroulement d’une vie de quartier : sa connexion avec le reste de la ville, son rapport avec d’autres projets alentours, la présence d’équipements collectifs… S’il ne s’agit pas de dupliquer ces cités pilotes dans l’ensemble du Bassin minier, elles doivent servir de modèle et d’aiguillon pour élaborer les futures stratégies d’aménagement du territoire (c’est déjà le cas pour Valenciennes Métropole depuis 2014). Pour qu’à terme, tous ces gestes destinés à améliorer le cadre de vie des habitants d’un territoire inscrit au Patrimoine de l’humanité, et donc vitrine pour les générations futures, deviennent des réflexes.