Équipements collectifs
Dès la fin du 19e siècle, l’action sociale des Compagnies s’est pleinement affirmée dans la construction d’édifices et d’équipements au sein des cités, afin « d’offrir » aux mineurs et à leurs familles tous les services dont ils pouvaient avoir besoin.
Les Compagnies minières puis les Houillères du Nord-Pas de Calais (HBNPC) ont construit divers types d’équipements à commencer par les équipements socio-éducatifs avec des écoles et des centres de formation. Les Compagnies font construire des groupes scolaires pour garçons, pour filles, des écoles maternelles pour les plus jeunes enfants. Beaucoup de jeunes garçons quittent l’école dès l’âge de treize ans, âge auquel ils sont embauchés à la mine. Ils bénéficient alors d’une formation de galibots ou d’apprentis dans des Centres de Formation appelés « Mines-images » (galeries reconstituées pour apprendre le métier). Les Compagnies minières puis les Houillères Nord-Pas de Calais à partir de 1944 construisent des ateliers de travaux domestiques ou des écoles ménagères, à l’image de celle de la Compagnie des Mines d’Anzin à Wallers. Les jeunes filles sont incitées à fréquenter cet enseignement qui doit les préparer au rôle de futures épouses : cuisine, lessive, couture et raccommodage, jardinage et élevage.
Les Compagnies édifient également de nombreux équipements de loisirs : stades, salles des fêtes, écoles de musique. Dans l’objectif d’occuper le temps libre du mineur et d’éloigner toute idée de rassemblement revendicatif, les Compagnies cherchent à intégrer les loisirs dans le monde de la mine en favorisant les loisirs individuels, en développant les jeux collectifs et en mettant en place des sociétés locales. Elles apportent leur soutien aux associations sportives, colombophiles, aux sociétés musicales de type harmonies et fanfares.
Des lieux de culte sont également construits par les Compagnies. Les églises font l’objet d’attentions architecturales toutes particulières et sont très souvent construites par des architectes de renommée régionale ou nationale. Ainsi, la Compagnie des Mines de Noeux fait-elle appel à l’architecte Constant Moyaux, Grand Prix de Rome, pour construire son église Sainte-Barbe en 1876.
Un des patrimoines les plus importants hérités de l’exploitation minière est celui des équipements sanitaires et médicaux. Près de 220 édifices Société de Secours Minières (SSM) sont aujourd’hui encore recensés dans le Bassin minier. La création de caisses de secours par les Compagnies, comme celle d’Anzin en 1832 ou de Dourges en 1866, jette les bases de la protection sociale des ouvriers. Ces caisses, légalisées par la loi du 29 juin 1894, ouvrent, de nombreux hôpitaux, dispensaires, pharmacies, maternités, centres de réadaptation fonctionnelle, destinés exclusivement aux mineurs. Le centre SSM situé à Grenay constitue un exemple architectural remarquable de ces constructions médicales. Les Compagnies installent également des centres de distribution de lait ou « Goutte de lait », comme celui de la Compagnie des Mines de Marles à Auchel. Ces bâtiments deviennent progressivement de véritables écoles de puériculture, étroitement associées aux écoles ménagères et de couture.
En dehors des équipements socio-collectifs, les Compagnies ont également fait construire divers équipements pour leurs propres besoins de fonctionnement et d’administration : briqueteries pour la construction des logements miniers, centres de recherche mais surtout de Grands Bureaux de prestige. A cet effet, comme pour les églises, des architectes se substituent aux ingénieurs et édifient de grands bâtiments, reflets de la puissance financière des Compagnies. L’architecture est particulièrement soignée : les hauteurs et les volumes donnent à ces édifices un aspect monumental et imposant. La Société des Mines de Lens fait appel à l’architecte Louis Cordonnier pour construire son siège à Lens. Achevés en 1932, les « Grands Bureaux » sont réalisés dans le style Art-Déco avec un jardin à la française.