Chevalements
Sur les quelque 150 chevalements disséminés dans le Bassin minier dans les années 30, 21 ont survécu à l’arrêt de l’exploitation. Certains sont encore intégrés aux bâtiments dit « des recettes » où remontaient les berlines pleines de charbon avant de redescendre vides. Les autres, désolidarisés de leurs bâtis, ont été conservés pour leur valeur identitaire et symbolique et viennent rappeler l’emplacement d’anciens sites miniers aujourd’hui disparus. Cette série de chevalements exprime, à travers leurs modes constructifs et leurs styles, les diverses étapes historiques du Bassin minier.
De structure élancée et aérée, les chevalements métalliques dits « à poutrelles à treillis », datent de l’époque des compagnies minières. Leur hauteur atteint en général une vingtaine de mètres. Afin de se différencier de leurs rivales, les compagnies ont souhaité donner une allure particulière à leurs chevalements, notamment par l’utilisation d’accessoires ornementaux : paratonnerres, festons, plaques portant les noms des puits ou de la Compagnie, forme et inclinaison des toitures abritant les molettes. Les chevalements du n°1 bis de la Société Houillère de Liévin et du n°3 bis de la Société des Mines de Lens, à Liévin, illustrent parfaitement cette rivalité de style. Distants de quelques dizaines de mètres, ils sont situés sur la même commune mais pas sur la même concession. Datant tous deux de 1922, celui appartenant à la Société de Liévin est plutôt sobre tandis que l’autre, appartenant à la Société de Lens, porte un campanile avec paratonnerre surmonté de l’insigne minier (deux pics croisés).
La période de reconstruction suivant la Première Guerre mondiale a été l’occasion pour certaines Compagnies d’appliquer de nouvelles techniques pour l’édification des chevalements. Permettant une édification rapide et solide, les chevalements sont reconstruits en béton armé, à l’image du chevalement de la fosse Dutemple (1921) à Valenciennes. Les chevalements hérités de la Nationalisation, dits « à poutrelles à âme pleine », sont également parfaitement identifiables. Privé de toute ornementation superflue, au style dépouillé et rectiligne, ils dépassent en général les 50 mètres, ce qui leur confère un impact monumental considérable à l’image du chevalement de la fosse Sabatier (1951) à Raismes ou encore du chevalement de la fosse n°9 (1955) à Roost-Warendin.